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mardi 15 septembre 2015

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Une novice en traversée

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La loi des "in": impensable , incroyable , instable, inconfortable ... inquiétant mais indescriptible .
.

Imaginez vous vivant pendant presque une semaine sur une balançoire qui oscille en permanence entre 90 et 45 degrés.

Vous comprenez tout de suite l'inconfort que cela génère: tout devient très vite un petit combat. On ouvre la porte d'un  placard et  une série de boîtes de thon nous attaque sauvagement. Il faut un bon quart d'heure pour s'habiller . Se coiffer n'est pas simple non plus ( j'y ai d'ailleurs renoncé au bout de deux jours ).

L'état de ma bouteille d'eau suggère le lien à certains moments ...


Je fonctionne donc a minima: tous les jours je me lave , me brosse les dents et change de sous- vêtements . Pour le reste je dors habillée car la rotation des quarts ( trois heures à la barre toutes les six heures , jour et nuit )  me rend zombie . Je m'économise. Je renonce même à mon sacro -saint thé du matin . En prime les nausées ne me lâchent pas .

Les quarts, la nuit à la barre, sont des temps forts:
Barrer , debout , pendant trois heures ,dans la nuit noire sans lune ni étoiles , les yeux rivés sur le compas pour garder le cap  suppose une bonne concentration ... qui fatigue ...

Mais barrer c'est aussi savourer les couchers et surtout les levers de soleil . C'est voir en premier les dauphins qui jouent dans l'étrave de notre bateau , c'est se guider parfois aux étoiles ,observer les satellites , regarder les fugitifs     planctons phosphorescents ...

Indescriptible océan toujours courant, tout proche, jouant avec nous gentiment mais avec une force ....indescriptibles sensations d'émerveillement , de fascination .

Tout devient étrange : une lumière peut être rassurante quand c'est celle des étoiles , inquiétante quand c'est un cargo qui va croiser notre route .

Manger une salade en contemplant la mer , là , si près ,à cinquante centimètres de moi ...cette immensité . Tous les actes du quotidien deviennent inhabituels .

C'est pour tout cela que je suis heureuse d'avoir vécu cette expérience . Mais , je préfère vivre des petites traversées pour ne pas subir trop longtemps les conditions drastiques imposées par l'océan .

Je n'irai pas aux Antilles . Henri a bien compris à quel point j'avais été malmenée . Nous restons donc aux Canaries qui sont un petit paradis .

Un petit mot pour notre jeune co-équipier Anthony , toujours de bonne humeur et plein de prévenance . Henri a aussi toujours répondu à mes appels , avec beaucoup de patience et de gentillesse , même quand je le réveillais pour m'aider à régler les voiles . Il nous a menés à bon port en faisant les bons choix .

La traversée s'est donc bien déroulée . C'est vrai que l'Océan majestueux et libre  est moins pénible que la Méditerranée capricieuse , qui semble prisonnière des trois continents .

J'ai simplement constaté que j'étais plus adaptée à la vie sur la terre ferme que sur les mers . Je suis sereine car je crois que c'est le cas pour la majeure partie de l'humanité .
Arrivée à Lanzarote

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