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lundi 30 novembre 2015

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Plume et Alyse

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C'était vendredi, la veille de mon départ en avion vers la Belgique où je voulais passer quelque jours pour voir"les miens". Le soir tombait avec son fond de fraicheur (18°C, pas de quoi se plaindre) et je m'étais fort affairé dans la journée à redonner à mon bateau un aspect plus présentable pour les quelques jours où il serait laissé à lui-même. Autour de moi, mes voisins s'en allaient les uns après les autres vers "les îles" une ambiance un peu étrange faite de préparatifs de dernières minutes ponctués par la joie de réaliser son rêve.

Combien de fois ai-je entendu la même réponse à ma question:
- Cà va ? Tu es prêt ?
- Non mais je pars quand même... sinon on ne part jamais.

Moi mon départ du lendemain était plutôt un retour momentané.

Toujours est-il, que je décidai ce dernier soir d'aller manger quelques "Pinchos" dans un resto basque pas très loin de la Marina de Santa Cruz. Je ne vous avais pas dit, mais la marina est en plein chantier et pour aller en ville on est obligé de traverser une autoroute urbaine par un pont situé près du terminal des Ferrys, un détour d'un bon kilomètre. Donc "pas très loin" implique tout de même une marche digestive d'une bonne demi-heure.

La Capitainerie de la marina est un petit bâtiment qui contient les bureaux, les douches, une buanderie et une terrasse couverte, seul endroit du port où les plaisanciers peuvent bénéficier du WiFi gratuit; c'est donc un peu un lieu de rencontre des marins situé entre chantier, parking et ... poubelles. Mais un lieu "en devenir" plein de promesses d'un port accueillant. Passant le long de la terrasse couverte, j'entendis y monter une musique un peu celtique (croyais-je), quelqu'un aurait-il mis le volume de son ordinateur un peu fort ?

Assises autour d'une table deux jeunes-femmes jouaient l'une du violon  et l'autre d'un magnifique accordéon diatonique tout en bois, la musique était vivante, comme était vivante leur expression faciale, les yeux fermé, livrées totalement à leur passion musicale presque irréelle dans ce lieu improbable destiné plutôt à commander des pièces de rechanges ou à skyper quelque au revoir à ses proches. Le rythme me faisait penser au bruit des vagues.

Je n'était pas le seul à assister au spectacle, un français vint avec une guitare, il y avait un jeune malouin, qui partirait 2jours plus tard vers les Antilles et un Capitaine de pétrolier à la retraite, marin lui aussi. Sur la table une grande assiette avec une sorte de guacamole au beurre aillé et un pain rond et plat qui, parait-il, venait de Madère.

Entre deux morceaux de musique Thomas (je ne suis pas sûr que c'était son prénom...mais appelons le comme cela) le jeune Malouin, m'explique qu'il avait rencontré ces deux musiciennes à Funchal et qu'elles cherchaient un embarquement vers les Canaries, mais que lui continuerait seul à bord de son Trismus 37 ce dimanche...autrement dit ces deux dames seraient à la rue. Personnellement je partais le lendemain à 6 heures de matin... Quand soudain me vint une  idée : "Pourquoi ne logeriez vous pas à mon bord, jusqu'à ce que vous ayez trouvé un embarquement qui vous convienne. Elles sont enchantées on se tutoie, elles se présentent: "Je m'appelle Plume"...  "et moi Alyse" (authentique). Voilà donc ces sirènes qui ont un prénom. Jusqu'à tard dans la nuit nous avons joué de la musique (j'ai été chercher mes harmonicas). Je leur ai remis les clés pour qu'elles puissent rejoindre   Serendip le lendemain. Probablement quand je reviendrai elles auront quitté le bord... qui sait peut-être se reverra-t-on au détour de quelque croisière ... ou pas. Mais je suis sûr que je n'oublierai pas de sitôt cette musique, comme le bruit des vagues sur la côte bretonne.

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