Mamir Scoop
La révélation du jour : la météo marine , malgré son air sérieux , n'est pas plus fiable que la météo terrestre. On ne peut pas en vouloir aux météorologues : "le monde n'est qu'une branloire pérenne "constatait déjà Montaigne . ( cf l'article ci dessous du capitaine sur notre périple d'aujourd'hui .)
Lydia
Cette fois, plutôt que de vous parler des escales, je vous parlerai de
la route. Il faut savoir que si on veut longer la cote espagnole depuis
le Cap Creus jusqu'à Gibraltar, il y a de grandes chances pour trouver
des vents contraires. Alors soit on prend le temps de louvoyer, soit on
a recours à la "risée Perkins", c'est à dire au moteur. En partant de
Port Leucate, nous nous étions engagé à arriver à Benalmadena vers le 4
septembre, afin de permettre à Anthony, notre équipier à embarquer avec
nous. En temps normal, çà ne devrait pas poser de problèmes...
Le hic est que le temps normal n'existe pas toujours. Et aujourd'hui
était un de ces jours.
La météo était bonne, prévoyant 5-6 nœuds de vent d'ouest... bon c'est
vrai, partant de Almerimar vers Motril nous allions précisément à
l'ouest, c'est à dire que nous aurions le vent dans le nez du moins au
départ, car par la suite (vers 11h) le vent tournerait au SW nous
permettant de faire un près bon plein agréable. Pour ceusses qui ne
sauraient pas, çà veut dire qu'on avancerait à 45-50 degrés du vent. La
mer serait peu agitée avec des creux maximum de 0,5m. Bref ce que les
marins sexistes appelaient : "un temps de demoiselle", avant qu'Ellen
Mac Arthur ou Florence Arthaud ne leur en foutent plein la gueule.
Passons... On pouvait donc considérer les conditions propices à une
petite étape de 35 M (6 ou 7 heures).
C'est donc dans cet esprit que nous sommes partis vers motril : le vent
et les creux répondirent à notre attente et c'est donc à 5 ou 6 nœuds
que nous naviguions au moteur, le seul problème étant que le vent était
vraiment de face et donc impossible de mettre les voiles... mais çà
devrait tourner en fin de matinée. J'eus beau attendre et espérer il ne
tourna pas, par contre il forci 10 nœuds, puis 20 noeuds, puis il
"s'établit" aux alentour des 30 noeuds. La mer se creusant pareillement
on en arriva à des creux de 2m.
La Méditerranée a ceci de particulier qu'elle arrive à se creuser en
tout sens et avoir des chaînes de vagues se succédant à trois mètres de
distance. A chaque chute dans la vague le bateau s'arrête et nous
n'avançons plus qu'à un noeud et demi. "Nestor" notre fidèle pilote fait
ce qu'il peut... Mais il est temps de le remplacer par une main humaine.
C'est donc harnaché, attaché et ciré (à cause des embruns) que je
reprends la barre. Pas que je barre mieux que le pilote, mais çà
m'occupe et évite de me sentir le jouet des éléments. Je pousse le
moteur pour assurer une vitesse décente (3.5 nœuds) et me dirige par la
route zigzagante la plus courte vers le port de Motril. Deux moments
courts de panique:
La jauge indique dans les vagues 2,5m de profondeur (AÏe on est mal)...
mais çà ne correspond pas à la carte... on se souvient de l'orage de
Barcelone et on se dit que comme nous le sondeur n'aime pas être secoué.
Deuxième inquiétude, nous lisons dans le pilote que le port de Motril
n'accepte que difficilement les visiteurs, car il est complet. On essaie
de téléphoner ... pas de ligne on attend de longue minutes pour tomber
sur un répondeur... aucune envie de faire encore 10 M de plus dans ces
conditions . Enfin on obtient le contact et oui nous avons de la chance
Motril veut bien de nous.
C'est donc soulagé que nous abordons les deux trois heures de shaker
qui nous restent... on double le cap et Motril s'ouvre à nous.
Nous sommes heureux d'y être arrivé, mais pas très fier car remonter
vent debout des vents de trente nœuds, par mer formée est tout le
contraire du sens marin... Allez! on comprendra que nous étions pressés.
Trop sans doute. la conclusion serait que Serendip est un bon bateau
avec un bon moteur et qu'il passe bien la vague. les anglais appellent
les croisières avant une traversée "shake down cruise" ... c'est ce que
nous avons vécu.
Tu as un humour rassurant Henri ! Mais si on ne peut se fier ni à la météo ni au vent , à qui peut-se fier??! Au roi des belges??! Plein de bises capitaine!
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