Chacun sa route, chacun son chemin.
C'est curieux de
voir sur les blogs de navigation, que fort peu de skippers parlent de
leurs erreurs; pourtant je ne pense pas être le seul à me tromper
et ce n'est pas la première fois, non plus.
Il y a une vingtaine
d'année j'avais décidé d'hiverner mon bateau sur le canal reliant
Anvers à Bruxelles, à Boom pour être précis. A cette époque il y
avait un pont à élévateur, qui devait se lever pour laisser passer
les voiliers. Le pont était actionné le week-end sur commande
spéciale. Je fis donc la demande pour 10h du matin et me rendi à
bord vers 9h, malheureusement le bateau était enlisé dans la vase,
j'essayais par tous les moyens de le faire bouger, la montre
tournait. Soudain, je vois le pont qui se lève… dans un ultiùme
geste de désespoir, je met pleins gaz et le bateau se détache.
Anvers nous voilà. Je passe le pont, remercie le grutier d'un geste
de la main. Cinq minutes plus tard je me rend compte que je ne
reconnais pas l'endroit, le canal passe au Centre d'une ville. Je
hèle un passant: “Pardon Monsieur Anvers c'est bien par là?”
“Non par là c'est Bruxelles”. Un brusque demi-tour me remet sur
le “droit” chemin. Depuis les Frères de la Côte m'ont donné le
sobriquet de “Tourneboussole” (bien mérité je dois dire.
En fait il ne faut :
- pas grand chose
pour commettre une erreur; avoir la convictiond'être dans le vrai
- et pas grand chose
pour l'éviter; regarder son compas, par exemple.
Transat 2016
Lors de la dernière
Transat, certains se sont étonnés à juste titre de l'étrange
itinéraire que j'avais pris et qui me relégua vers la fin du
peloton. Je vais donc vous expliquer mes erreurs.
Quelques jours avant
le départ, mon ordinateur rendi l'âme et je du l'amener à la
réparation. Comme souvent dans ces cas là, le technicien efface une
série de fichiers qui lui semblent superflu (qu'en sait-il ?) Mais
l'ordi fut réparé en dernière minute. Nous partimes donc avec
(croyais-je) une informatique déficiente et sans nous être abonné
au tracking, qui devait nous livrer quotidiennement la position de
tous les autres bateaux.
Je vous rappelle que
l'Atlantique est une sorte d'énorme rond-point où les vents
tournent autour de l'anticyclone des Açores, dans le sens des
aiguilles d'une montre. Au sud les vents soufflent d'Est en Ouest et
au Nord d'Ouest en Est. Cet anticyclone n'est pas toujours sur les
Açores mais se déplace du Sud au Nord selon les saisons.
Traditionellement,
au mois de janvier, trois routes sont possibles:
La route du Sud, qui
consiste à déscendre sud jusqu'à presque les îles du Cap Vert
avant de tourner vers l'ouest.
La route directe qui
consiste à tracer directement sa route depuis les Canaries. Route
la plus courte, mais réservée principalement aux bateaux de course.
Et la route médiane
qui passe entre les deux. On descent moins Sud que le Cap vert avant
de piquer sur la Martinique. Cette route aurait été favorable en
janvier si il n'y avait pas Alex.
Alex est un Ouragan qui, chose
unique, s'est formé sur l' Atlantique et a touché les Açores.
C'est une première pour le mois de janvier et bien entendu çà a
boulversé la climatologie. Sans savoir qu'il s'appelait Alex, nous
savions avant le départ que la situation serait exceptionnelle et
elle le fut. Mais ne cherchons pas d'excuse, Je vous disais, qu'il
suffit de la conviction d'être dans le bon pour se tromper.
En fait, nous avons
pris un bon départ et par la suite nous étions le plus à l'Est des
autres membres du rallye, qui (je les voyais) longeaient les côtes
de l'île de Teneriffe. Mon idée à ce moment là était de faire la
route Sud, mais sans pourtant aller jusqu'à Mindelo (Cap Vert); deux
raisons à celà, je puis le confesser:
1. La route est plus
longue et
2. Pauline souffrait
très fort de mal de mer, je ne voulais pas prendre le risque de la
voir débarquer ce qui compromettrait la suite de la traversée…
ouf! Voilà qui est avoué.
Le lendemain matin,
plus un seul bateau à notre tribord, (je vous rappelle que je
n'avais pas la réception du tracking à ce moment là, pas plus que
les gribs météo). Pour moi, la raison était évidente, les bateaux
avaient tournés vers l'Ouest au Sud de Ténériffe, empruntant alors
la route directe. La voilà la (fausse) conviction ! Fort de cette
“connaissance”, je décide de ne pas faire comme eux et de ne pas
tourner ver l'Ouest avant la fin de l'archipel des Canaries. Les
circonstances étaient difficiles car il n'y avait pas de vent …
dans ma tête j'étais donc le plus au Sud de toute la flotille.
A peine passé El
Hierro, je décide donc de mettre de l'ouest dans mon Sud, afin de
trouver l'alizée, (ce qui est trop tot) toujours persuadé que
j'étais d'être le plus au sud de toute la flotille. J'envoie un
e-mail à mon frère Serge afin qu'il me donne la position (lon lat)
où commence l'alizée, mais il a difficile de me donner une position
précise… Je décide donc de mettre de l'ouest dans mon Sud et me
retrouve pour des journées entières encalminé, pas de vent avec
une mer croisée fort inconfortable. Comme je ne voulais pas
m'arrêter au Cap Vert, pour les (mauvaises) raisons mentionnées
ci-dessous, je ne pouvais utiliser mon moteur à plus de 1700 tours
soit une vitesse de 3nds au lieu des 5nds habituels. On se traine, on
bringueballe dans tous les sens. Petit à petit, je remets
l'informatique en état, je eçois donc la position ds “autres”
je suis le plus au Nord (et non au Sud comme je le croyais) et
l'ouragan Alex a littéralement sucé tous le vent à notre latitude.
Donc, il ne restait
plus qu'à defendre notre honneur, ne pas arriver dernier… ce qui
fut fait.
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